Kotcher J, Maibach E, Miller J, Campbell E, Alqodmani L, Maiero M, et al. Points de vue des professionnels de la santé sur le changement climatique et la santé : une enquête multinationale. La santé planétaire du Lancet . 2021. 10.1016/S2542-5196(21)00053-X
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https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(21)00053-X/fulltext?dgcid=raven_jbs_etoc_email
En rapport avec:
Tous les Diététiciens-Nutritionnistes travaillant pour lutter contre les changements climatiques.
Question:
Cette étude rend compte des résultats d’une enquête multinationale examinant les points de vue de 4654 professionnels de la santé sur le changement climatique en tant que problème de santé humaine. Des participants de 12 organisations professionnelles de la santé représentant chacune des six régions de l’OMS ont été interrogés, notamment des pédiatres, des médecins et des infirmières. L’étude a posé des questions sur les points de vue et l’engagement des professionnels de la santé sur la question, et a systématiquement caractérisé à la fois les obstacles au plaidoyer sur le changement climatique perçus par les professionnels de la santé et les ressources qui peuvent surmonter ces obstacles.
Conclusion pour la pratique de la nutrition :
Cette étude se concentre spécifiquement sur les perceptions des implications du changement climatique sur la santé. L’enquête a montré que les participants comprenaient que le changement climatique se produisait et qu’il était causé par l’homme. En outre, ils considèrent le changement climatique comme un facteur important ayant un impact négatif sur la santé dans leur pays et se sentent responsables d’éduquer le public et les décideurs à ce sujet.
Les professionnels de la santé ont identifié une série d’obstacles personnels, professionnels et sociétaux au travail sur cette question, les contraintes de temps étant l’obstacle le plus souvent signalé. Les participants ont proposé un ensemble diversifié de ressources pour surmonter les obstacles, notamment : formation professionnelle continue, formation à la communication, matériel d’éducation des patients, déclarations de politique, conseils/outils pour la durabilité du lieu de travail et alertes à l’action (par exemple, sur les possibilités d’approuver des propositions de politiques sur le climat et la santé et quand et comment contacter les décideurs concernés, ce qui, selon les auteurs, peut être particulièrement utile pour faire face aux contraintes de temps). Les auteurs affirment que la littérature sur le marketing social souligne l’importance d’éliminer les obstacles pour stimuler l’action des individus et des groupes motivés.
Résumé:
Le changement climatique représente sans doute l’une des plus grandes menaces mondiales pour la santé de notre époque. Les professionnels de la santé peuvent plaider en faveur d’efforts mondiaux pour réduire les émissions et protéger les populations du changement climatique ; cependant, les preuves de leur volonté de le faire restent rares. Dans ce Point de vue, nous présentons les résultats d’une vaste enquête multinationale auprès de professionnels de la santé (n = 4654) qui a examiné leurs points de vue sur le changement climatique en tant que problème de santé humaine. Conformément aux recherches précédentes, les participants à cette enquête ont largement compris que le changement climatique se produisait et était causé par l’homme, considéraient le changement climatique comme une cause importante et croissante de dommages à la santé dans leur pays et se sentaient responsables d’éduquer le public et les décideurs sur la problème. Malgré leur haut niveau d’engagement à s’engager dans l’éducation et le plaidoyer sur la question, de nombreux participants à l’enquête ont indiqué qu’une série d’obstacles personnels, professionnels et sociétaux les en empêchent, les contraintes de temps étant l’obstacle le plus largement signalé. Cependant, les participants affirment que diverses ressources – formation professionnelle continue, formation à la communication, matériel d’éducation des patients, déclarations de politique, alertes à l’action et conseils sur la façon de rendre les lieux de travail de soins de santé durables – peuvent aider à surmonter ces obstacles. Nous proposons des recommandations sur la manière de renforcer et de soutenir les activités de formation et de plaidoyer des professionnels de la santé pour relever les défis de santé humaine liés au changement climatique.
Détails des résultats :
Les taux de participation étaient faibles dans de nombreux pays ; plus de 60 % des participants au sondage étaient membres d’une seule organisation (l’Association médicale canadienne) et 95 % de tous les répondants étaient des médecins. La New Zealand Nursing Organization a été la seule organisation infirmière à participer.
Les détails sont précisés en fonction des questions posées par les auteurs.
- Quelle est leur compréhension des faits clés et de leur engagement personnel face au problème ? Conformément aux conclusions d’autres études, plus de 4 professionnels sur 10 pensaient que leurs connaissances sur le sujet étaient insuffisantes. Compte tenu de cela, les auteurs suggèrent d’accélérer la formation professionnelle, tant dans le cadre des programmes d’études que de la formation continue. Ils suggèrent également que peu de recherches ont été réalisées sur les compétences en éducation qui devraient être développées. La plupart des participants ont indiqué un degré élevé d’engagement à l’égard de la question. Les auteurs notent, cependant, que les preuves montrent que même les personnes très motivées ne prennent souvent pas les mesures correspondantes.\
- Les professionnels considèrent-ils le changement climatique comme une menace pour la santé humaine ? Environ 2/3 des participants pensent que le changement climatique « leur causera personnellement des dommages modérés ou importants, 77 % ont dit la même chose pour leurs patients, 81 % ont dit la même chose pour les membres de leur communauté, 57 % ont dit la même chose pour les gens de leur pays, et 93% disent la même chose pour les générations futures » (p.3). La plupart des professionnels ont déclaré que le changement climatique a déjà eu un impact négatif sur la santé des personnes dans leur pays (par exemple, la santé physique et mentale, la pauvreté et la faim, la perturbation des services de soins de santé).
- Les professionnels sont-ils disposés à dialoguer avec le public et les décideurs politiques pour plaider en faveur d’une action ? La plupart des participants ont indiqué qu’ils estimaient que les professionnels de la santé avaient la responsabilité de défendre les intérêts du public et des dirigeants nationaux et mondiaux concernant les effets des changements climatiques sur la santé. Les participants ont été interrogés sur leur participation à une campagne mondiale de plaidoyer ; 26 % ont dit qu’ils étaient prêts à participer ; 37 % ont dit qu’ils pourraient le faire, mais qu’ils auraient besoin de plus d’informations ; 27 % ont dit qu’ils le soutiendraient, mais qu’ils ne pouvaient pas participer personnellement ; 10% ont dit qu’ils ne le soutiendraient pas.
- Dans quelle mesure les professionnels soutiennent-ils les politiques connexes au sein de leur société professionnelle ? La plupart des participants au sondage croient que leurs sociétés professionnelles devraient modifier leurs pratiques. Alors que 69 % des professionnels estimaient que leur société devrait couper les liens avec les entreprises de combustibles fossiles (y compris les investissements en actions et en obligations), cela ne représentait qu’environ 40 % des répondants, car l’Association médicale canadienne n’a pas inclus cette question dans son sondage. La plupart ont également indiqué que leur association professionnelle devrait offrir aux membres la possibilité de participer virtuellement aux réunions et conférences qu’ils organisent sur la question.
- Quels sont les obstacles à l’engagement avec le public et les décideurs ? Le plus grand obstacle cité était les contraintes de temps (54 %). « Moins de la moitié ont déclaré que d’autres facteurs réduisaient leur volonté de communiquer, notamment leur manque de connaissances (41%), leur conviction que s’engager avec le public ne ferait aucune différence (31%), le peu de soutien de leurs pairs (22%), leur perception que le sujet est trop controversé (16 %) et leur perception que s’engager avec le public est trop risqué pour eux professionnellement ou personnellement (14 %) » (p.4). Un autre obstacle noté était leur conviction que leurs pairs ne soutiendraient pas l’engagement (22 %), et que c’est trop risqué pour eux, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel (14 %). Les auteurs suggèrent que cela reflète la nécessité d’un changement de culture au sein des professions de la santé. Ils notent également que les preuves appuient l’idée que si les gens intègrent des changements à la maison ou sur leur lieu de travail, ils sont plus susceptibles de se sentir à l’aise de plaider en faveur d’un changement de politique.
- Quelles ressources pourraient être utiles? La plupart des professionnels ont indiqué que les ressources suivantes seraient modérément ou très utiles : « formation professionnelle continue sur le changement climatique et la santé (76 %) ; déclarations politiques sur le changement climatique et la santé par leurs associations professionnelles (76 %) ; des conseils sur la façon de rendre leur lieu de travail durable (72 %) ; alertes d’action (informations opportunes) sur quand et comment plaider auprès des décideurs politiques (69 %) ; une formation pour communiquer efficacement sur le changement climatique et la santé (69 %) ; et matériel d’éducation des patients (65 %) » (p.4).
Intérêt supplémentaire :
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Commentaire de l’éditeur :
Il est intéressant de voir cette étude se concentrer sur le changement climatique en relation avec la santé humaine. Une grande partie de la recherche liée à l’alimentation à ce jour se concentre sur l’impact de nos systèmes alimentaires sur l’environnement. Se concentrer sur les impacts du système alimentaire sur la santé humaine peut être un moyen pour les diététistes-nutritionnistes de défendre plus efficacement la question.
L’étude n’a pas examiné en profondeur comment les sociétés professionnelles pourraient changer leurs pratiques. On pourrait soutenir que les associations de diététistes-nutritionnistes ont le potentiel d’être plus polarisées que les associations médicales sur la question du changement climatique. Les diététistes-nutritionnistes ont un large éventail de rôles, notamment dans la production, la transformation et la commercialisation des aliments, et peuvent avoir des opinions diverses sur l’impact de l’alimentation sur le changement climatique.
Certaines données suggèrent (ICDA Building Common Ground 2020) que si l’opinion globale dominante des diététiciens-nutritionnistes est qu’ils ont un « rôle central » à jouer pour contribuer à la durabilité de nos systèmes et régimes alimentaires, d’autres ne sont pas d’accord. Les points de vue dissidents des diététistes-nutritionnistes ont fait valoir : ceci n’entre pas dans le champ d’exercice; il n’y a pas suffisamment de preuves pour justifier une action ; et que l’inclusion de ces questions dilue et/ou submerge le rôle professionnel.
Conflit d’intérêts/Financement :
Le financement de l’OMS a soutenu cette étude.
Liens externes pertinents :
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Auteur correspondant:
John Kotcher jkotcher@gmu.edu